Témoignage de Patrick Dupont depuis le pont d'Empalot :


Patrick Dupont - Pièce D2043



Arc lumineux sur une photo aérienne de Juillet 2001



Témoignage de Thierry Bordas de la Dépêche du Midi :


Thierry Bordas (La Dépêche) - Pièce D583



Nouvelle version avec une étrange compression du temps...


Thierry Bordas (La Dépêche) Témoignage précis avec compression des temps - Pièce D3578



Témoignage de Bernard Piriou depuis la SNPE :


Bernard Piriou (SNPE) - Pièce D946



Témoignage de Jean-Baptiste Jurado depuis la SNPE :


Jean-Baptiste Jurado (SNPE) - Pièce D950



Témoignage de Brigitte Bazerque depuis le sud d'AZF :


Brigitte Bazerque (AZF-Bureau Sud) - Pièce D1027



Témoignage de Michel Marque depuis l'atelier N4 d'AZF :


Michel Marque (AZF-Atelier N4) - Pièce D3522





Issu du rapport définitif des experts :



3.1.1 Les dégâts matériels sur le site AZF
... . au Sud, l’unité de fabrication N1C a été également littéralement trouée par une énergie également considérable sur 50 à 60 mètres de largeur. La destruction totale s’arrête en limite de la tour de granulation. Une grande partie du bâtiment des nitrates industriels N9 a été détruite. Au Sud de ce bâtiment, le silo I4 en béton, de très grande longueur, se présentant en travers de l’onde de choc aérienne, a été détruit. Cette onde de choc a fait éclater la totalité du toit arrondi, l’ossature porteuse en béton armée étant restée en place. Les débris en béton sont tombés à l’intérieur, sur l’entreposage de nitrate d’ammonium agricole, représentant un tas de 1000 tonnes environ, couvrant pratiquement toute la surface du bâtiment. Nous avons remarqué la présence d’un chouleur sur le dessus et le milieu de ce tas, dans l’axe de l’entrée Nord. Nous n’avons vu aucune trace de combustion ou de fumées sur ce produit granulé. L’explosion du bâtiment 221, que ce soit par ses effets directs ou indirects, n’a eu aucune influence sur ce NAA. La façade Nord de ce bâtiment a été davantage altérée que son homologue côté Sud.
La tour de granulation (prilling en langue anglaise) de fabrication de l’atelier N1C : cette construction métallique culmine à environ 68 mètres au-dessus du sol.et à 70 mètres environ au sud du cratère : voir planches intitulées « coupe Sud-Nord de la tour de granulation, des bâtiments 221-225 et I0.
La salle haute reposait sur une dalle de béton posée sur des poutres métalliques. Le bardage périphérique était constitué de tôles d’aluminium de couleur blanche et orange, fixées par des agrafes. Sur sa partie Sud-Ouest, la structure métallique s’adossait à la cage d’escalier en béton armé haute de 24,1 mètres : hauteur déterminée par le cabinet SOMPAYRAC. Lors de l’explosion, les bardages ont été désolidarisés et ont été expulsés dans l’espace à plus ou moins grande distance. La structure métallique de couleur verte s’est enroulée autour de la construction maçonnée de la cage d’escalier, c’est-à-dire globalement vers le Sud Ouest.
Cette cage d’escalier est restée en place. Le filtre JF 302 Nord, situé comme son nom l’indique sur la partie Nord de la tour de prilling, à 42,5 m par rapport au sol et à 82 mètres en distance oblique du tas de nitrates stockés dans le bâtiment 221, a été retrouvé parmi d’autres débris, au niveau de la tour de prilling, selon M. BIECHLIN (D5860) : voir annexe II.9. Il a éclaté et paraît présenter des effets destructeurs liés à l’action d’une surpression interne. Ce filtre a été saisi et placé sous scellé pour être expertisé tout d’abord par M. COUDERC, puis par M. BERGUES. Leurs conclusions sont reprises dans ce rapport.

Nos observations nous ont permis de relever que :

- cette tour de prilling ne s’est pas désolidarisée de ses ancrages de base,
- l’essentiel de sa structure s’est vrillé et enroulé autour de la cage d’escalier maçonnée, dans le sens des aiguilles d’une montre. Elle s’est renversée globalement vers le Sud-Ouest. Cette cage d’escalier se présente sous la forme d’une tour de section carrée qui a relativement peu souffert de l’explosion, il est vrai qu’elle était protégée du bâtiment 221, par l’unité N1C,
- la tête de la tour a disparu en grande partie, détruite par l’onde aérienne, car elle se trouvait vraiment très près du bâtiment 221, comme le montrent les vues en coupe reconstituant les bâtiments : Est-Ouest et Ouest-Est, dont une montrant l’image de cette onde. Quelques vestiges sont reconnaissables sur le sol au Sud-Ouest de la cage d’escalier,
- en fait, cette tour a été retrouvée disloquée au sol, projetée vers le Sud-Ouest,
- à proximité de cette unité, à côté du poste électrique T24, une cheminée est retrouvée inclinée vers le Sud-Ouest.

...
5.4.2.2.4 - Cas de la tour de granulation de l’atelier de fabrication N1C :
voir photographies en annexes II.3 et II.4 et sa représentation géographique dans sa position d’origine en annexe II.9

Cette tour se trouvait à une distance horizontale de 70 m du centre de cratère, son filtre Nord à une distance oblique de 82 mètres, au Sud de l’ensemble des bâtiments 221 – 222 – 223 – 224 et 225. Structurée à partir de poutrelles métalliques et recouverte de bardages en aluminium de couleur blanche et orange, elle mesurait 68 mètres de haut.
Sur son flanc Sud-Ouest et en partie basse, la structure métallique s’appuyait sur une cage d’escalier en béton armé dont la hauteur déterminée par le cabinet du géomètre-expert J. SOMPAYRAC, s’établissait à 24,1 m au-dessus du terrain naturel.

Après l’explosion, il est constaté que la structure métallique de couleur verte retrouvée disloquée au sol :

- ne se trouve pas en position radiale par rapport au cratère, c’est-à-dire repoussée vers le Sud, mais globalement projetée vers l’Ouest-Sud-Ouest,
- s’est en partie enroulée ou vrillée autour de la cage d’escalier maçonnée dans le sens des aiguilles d’une montre, qui a servi de pivot fixe car cette construction massive en béton n’a que peu souffert des effets de l’explosion,
- ses ancrages de pied n’ont pas été arrachés. C’est pour cela que cet édifice, bien tenu à sa base, a pu ainsi se tordre sur lui-même par la sollicitation de l’onde de choc aérienne,
- cette tour fut évidemment très endommagée, notamment à sa tête, mais nous avons retrouvé l’essentiel de sa structure prouvant qu’elle n’avait pas décollé du sol. Bien que les dégâts aient été très importants, les deux filtres Sud et Nord ont été retrouvés au sol au milieu des vestiges métalliques de cette tour.

Nous rappelons que le filtre Nord, directement exposé à l'onde choc, a été retrouvé éclaté par une surpression interne, expliquée dans le rapport de D. BERGUES (D5240), celui du Sud mieux protégé et plus éloigné du cratère ne fut pas détruit. Cette unité de fabrication N1C – N1B et ces filtres ont tout d'abord fait l'objet d'une expertise par M. COUDERC (D3202). Ces experts, par des travaux et des approches techniques séparées, ont conclu que cet éclatement du filtre Nord JF 302 était une conséquence de l’explosion du bâtiment 221.
Ces objets lourds ne se sont pas envolés au passage de l’onde aérienne restant peu ou prou accrochés aux éléments métalliques de la structure. Cette tour n’a pas « décollé » ni été « mise sur orbite » comme l’ont déclaré certains témoins dont M. J.M ARNAUDIES, le plus catégorique.
Compte tenu de la spécificité des désordres subis par cette tour de granulation, D. BERGUES a étudié les effets liés à la forme ou à l’asymétrie de la source de l’explosion sur les structures.
Cette étude est développée dans le chapitre 2.1 de son rapport définitif du 24 janvier 2006 [D6721 à D6726]. D. BERGUES a pu ainsi mettre en évidence, en s’appuyant sur les travaux numériques réalisés dans des laboratoires américains (US Army Research Laboratory) et français (Centre d’études de Gramat), les effets des asymétries d’un champ de pression en zone proche de la source d’explosion (travaux publiés en 2001).

Les simulations numériques concernant des cas de charges allongées ou cylindriques ont été exploitées : coefficient d’allongement (longueur/diamètre) compris entre 4 et 6 qui correspond d’assez près au tas principal de nitrate d’ammonium qui était stocké dans le bâtiment 221 dont les dimensions étaient de l’ordre de 35 mètres pour la longueur, 2,5 à 3 mètres pour la hauteur et 10 mètres pour la base.

Il en ressort que :

- pour des charges cylindriques, le champ de pression obtenu est cruciforme,
- les niveaux de pression sont très faibles du côté de l’amorçage,
- le fait d’amorcer le cylindre d’explosif à une extrémité plutôt qu’en son centre conduit à décaler le champ de pression vers l’avant.

En ce qui concerne le site AZF, la superposition des endommagements constatés en champ proche du cratère montre que l’effet cruciforme à trois branches est très marqué et ce, jusqu’à des distances de l’ordre de 150 à 200 mètres : côtés Sud et Ouest.

En l’absence d’éclats, des masses détonantes de 70 ou de 126 tonnes de TNT (fourchette évaluée au début de l’expertise de D. BERGUES avant de statuer sur une masse de 100 tonnes de TNT) ne devraient pas provoquer d’effets directionnels au-delà de respectivement 82 et 100 m du centre du tas de nitrate d’ammonium. Les écarts observés in-situ dans les désordres mécaniques sont dus aux éclats projetés à très grande vitesse au sein des jets issus du processus de formation du cratère.

Cette étude menée par D. BERGUES montre que, si les dégâts en champ proche du cratère sont plus marqués à l’Ouest qu’à l’Est, l’origine de l’explosion est à rechercher dans cette dernière direction.

En fonction de nos constats réalisés sur le terrain et de la forme du champ de pression induit par des charges allongées, ce qui est bien le cas du tas de nitrate d’ammonium entreposé dans le bâtiment 221, la position finale de la structure de la tour de granulation, enroulée dans le sens des aiguilles d’une montre autour de la tour maçonnée, résulte des effets d’une détonation s’étant propagée dans le tas d’Est en Ouest.

Si la détonation s’était amorcée au centre du tas principal, cette tour de granulation ne se serait pas enroulée dans le sens que nous avons constaté. Cet édifice aurait été repoussé violemment vers le Sud avec des traumatismes mécaniques très importants, sans que l’on n’observe un quelconque ou même début de phénomène d’enroulement autour du pivot constitué par la tour maçonnée. Le haut de cette tour a été impacté et disloqué par l’onde de choc aérienne, donnant l’impression qu’elle décollait, d’autant que les fumées et poussières soulevées par le souffle, se déplaçant rapidement et qui l’ont entourée, n’ont pu qu’accentuer cette impression visuelle. Sur une image de synthèse en coupe des bâtiments 221 à 225, de I0 et de cette tour de granulation, nous avons représenté l’arrivée de l’onde aérienne à sa tête, vulnérable au vu de cette représentation : annexe II.9.




Plus précisément, le déclenchement de l'explosion n'a eu probablement lieu que parce quelques 1/10ème de secondes avant l'explosion du Hangar 221, la tour de Prilling située à 60 mètres au Sud a vu sa partie supérieure décoller et exploser en l'air. De nombreux témoignages issus de positions différentes (SNPE, Rocade, AZF, Colline de Pech David...) confirment cette événement. Une surpression sur la zone du Hangar due à cette explosion de la tour a pu favoriser l'instant de l'explosion générale à cause d'un tas d'ammonitrate déjà soumis à une chaleur brutale et locale à sa base.

Les causes de l'explosion de la Tour de Prilling sont peut-être les mêmes que celle de l'amorçage du tas d'ammonitrate : la présence de faisceaux micro-onde imprévus perturbant brutalement des zones conductrices à forts courants induits.

Les deux principaux dégâts des plus visibles sont la formation du cratère et la disparition pur et simple de la tour de Prilling à 60 m du Hangar 221.
Plusieurs dizaines de témoins affirment avoir vu la tour de Prilling décoller avant même de s'apercevoir qu'une très grosse explosion allait tout ravager jusqu'à eux. Que s'est-il passé ?

Officiellement, la tour a été victime de l'explosion du Hangar 221. Les experts certifient avoir trouver l'essentiel des débris du haut de cette tour dans une orientation de chute Sud-Ouest.


Un des gros filtres en haut de cette tour a été retrouvé à un endroit incompatible avec l'explosion. Ce filtre a failli partir au rebut lorsque des salariés d'AZF encore sur le terrain ont stoppé le camion qui le transportait.
Une grande partie de la structure du haut de la tour s'est retrouvé plutôt sur ses côtés Est et Ouest que sur l'arrière dans le sens du souffle.